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Primaires américaines : la montée des outsiders

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Les campagnes respectives pour les primaires démocrates et républicaines sont lancées depuis le printemps 2015. Hillary Clinton a ouvert le bal en avril, puis de nombreuses autres personnalités politiques lui ont emboité le pas. Au terme de cet été, les sondages révèlent que ce ne sont pas forcément les têtes d’affiche de chaque parti qui ont le vent en poupe.        

Primaire démocrate : Bernie Sanders talonne désormais Hilary Clinton dans les sondages.
Primaire démocrate : Bernie Sanders talonne désormais Hillary Clinton dans les sondages.

Dans les semaines qui ont suivi les annonces de candidature la partie semblait en effet gagnée d’avance pour Hillary Clinton, « femme de », et Jeb Bush, « fils et frère de ». Beaucoup d’observateurs étaient prêts à parier que ces deux dynasties américaines allaient s’affronter. Pourtant, ces dernières semaines des candidats que l’on peut qualifier d’outsiders se sont retrouvés sur le devant de la scène. Au vu des plus récentes enquêtes d’opinions, ils pourraient même réussir à tirer leur épingle du jeu lors des primaires.

Celui qui anime la primaire républicaine, par son ton politiquement incorrect décomplexé, est l’homme d’affaires Donald Trump, soutenu entre autres par le Tea Party. Il n’hésite pas à attaquer frontalement ses adversaires et à les décrédibiliser. Les médias relaient toutes ses déclarations qui défraient la chronique. Il parvient à donner une nouvelle tribune au Grand Old Party. Au sein du Parti Démocrate, c’est la montée de Bernie Sanders, sénateur du Vermont, qui surprend. Cet homme de 73 ans fait figure d’exception dans son pays, en tant que seul socialiste affirmé. Personne n’a réellement prêté attention à son annonce de candidature. A présent, ses meetings  sont parmi les plus courus, et il séduit particulièrement la tranche décisive des 18-35 ans.

L’électorat américain en aurait-il assez de voir la vie politique américaine se mordre la queue ?

Cet engouement soudain pour ces candidats pourrait être le symptôme d’une envie nationale de lutter contre l’establishment des dirigeants politiques américains. En d’autres termes, les électeurs américains ne voudraient plus voir toujours les mêmes visages, les mêmes noms, occuper les postes clefs de leur pays comme c’est le cas depuis les années 1980. Désormais, ils ont plus l’impression que la minorité dirigeante favorise ses propres intérêts, plutôt que les leurs. Ne pas élire un membre d’une dynastie politique pourrait permettre un certain renouveau de la classe dirigeante et de l’administration washingtonienne.

De plus, même si les États-Unis ont connu un début de reprise économique en 2014 (+2,6% de croissance), les inégalités de revenus continuent à se renforcer. Quant au prestige international du pays, les deux mandats de B. Obama ne lui ont pas permis de retrouver son niveau d’autrefois. Alors, on peut comprendre que le slogan de D. Trump « Make America Great Again ! » parvienne à charmer les Américains les plus touchés par la crise économique de 2008, ou encore que  les programmes sociaux inspirés de la Scandinavie de B. Sanders rencontrent un franc succès.

Cependant, sera-t-il possible pour ces candidats de rivaliser avec J. Bush et H. Clinton ?

Ces deux ont l’immense avantage d’être connus par la grande majorité de la population américaine. Ils disposent donc d’une visibilité plus importante, et sont donc plus susceptibles d’attirer de généreux donateurs. La femme de B. Sanders affirme qu’une élection ne se gagne pas avec de l’argent. Peut-être, mais tout le monde sait qu’elle joue un rôle primordial pour mener une campagne efficace et médiatique.

Primaire républicaine : Donald Trump devance actuellement Jeb Bush, mais pour combien de temps ?
Primaire républicaine : Donald Trump devance actuellement Jeb Bush, mais pour combien de temps ?

Se pose également la question de l’expérience au sein même de l’administration. On le sait, H. Clinton a été secrétaire d’État. J. Bush, même s’il ne dispose plus de mandats électoraux depuis 2007, a toujours été présent dans les hautes instances du Parti Républicain. L’argent suffira-t-il à D. Trump pour faire oublier qu’il n’est qu’un homme d’affaires ? Il est actuellement toujours en tête des sondages, mais ses dérapages finiront peut-être par lasser l’électorat. L’effet Trump pourrait ne pas durer éternellement. Les républicains se reporteront sans doute alors sur un candidat plus sérieux, comme un certain J. Bush.

La route est encore longue avant le scrutin qui aura lieu le 8 novembre 2016. Un retournement de situation est encore possible. Mais ces candidats, notamment B. Sanders, ont au moins le mérite d’apporter dans le débat politique de nouvelles idées.

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